• Il y a très très longtemps, dans un pays baigné par la mer et le soleil, vivait un riche seigneur très puissant. Son peuple lui était fidèle et le respectait ou plutôt il le craignait. Ce seigneur possédait tout ce qu’un seigneur peut posséder et pourtant, il n’était pas heureux. Son malheur venait de son mauvais caractère. Il se mettait en colère pour des riens, n’était jamais satisfait, n’aimait rien et ne désirait rien. Bien plus, il terrorisait ses domestiques et se montrait souvent sans cœur pour son bon peuple.

    Mais en plus d’être colérique, il était belliqueux et il attaquait ses voisins sans raison. Un matin, il décida de partir en guerre contre son voisin du Sud. Ses troupes étaient nombreuses et bien armées et elles eurent tôt fait de gagner la bataille et d’agrandir la terre du seigneur qui n’en avait pourtant pas besoin. Malgré cette victoire, le seigneur n’était toujours pas heureux.

    Les troupes revinrent au pays. Elles furent acclamées par la foule. Les rues avaient été décorées de guirlandes de fleurs et de papier pour l’occasion. Les fanfares jouaient au coin de chaque rue. Les femmes et les enfants dansaient sur les places. Et le soir, un immense feu d’artifice fut tiré depuis les hauteurs de la ville. C’était le plus beau feu d’artifice qu’on n’ait jamais vu de mémoire d’homme. Le peuple était heureux. Mais le seigneur, loin de se réjouir gardait la mine renfermée et n’était toujours pas heureux.

    Le peuple se posait bien des questions sur son seigneur triste. A force de le voir, le visage fermé et d’entendre ses soupirs, chaque habitant se sentit lui aussi gagné par la tristesse. Le seigneur s’en redit compte et il ne comprenait pas pourquoi ses sujets affichaient des regards tristes. Il fit seller son plus beau cheval et parcouru toutes les rues de la ville. Chaque fois qu’il rencontrait quelqu’un, il lui demandait : "- Dis-moi : qu’est-ce qui ne va pas ? Parle, je te l’ordonne."

    L’homme courbait le dos mais n’osait avouer la cause de sa tristesse. Ils craignait la colère du seigneur s’il lui disait la vérité. Tout les gens étaient fatigués de se battre sans raison, d’attaquer sans être provoqué, de vaincre des voisins qui quelques temps plus tôt étaient des amis et de trembler à chaque instant dans la peur de ne pas satisfaire le seigneur.

    Irrité par le silence de son peuple, le seigneur cravacha son cheval et s’en fut dans la campagne. Il galopa longtemps, longtemps, quand soudain, il entendit un bruit étrange. Ce bruit ressemblait au clapotis de l’eau mais il n’y avait pas d’eau à cet endroit. Intrigué, il arrêta sa monture et tendit l’oreille pour mieux percevoir le frémissement sonore.

    A quelques pas de lui, un petit garçon aux cheveux châtains foncés et à la peau matte était agenouillé sur le sol. Il était tellement occupé par son travail qu’il ne remarqua même pas la présence du seigneur. Une à une, le petit garçon plantait des petite graines qu’il sortait d’un petit sac en jute. Il chantonnait une chanson très douce qui ressemblait à l’eau qui caresse les pierres.

    En le voyant ainsi affairé, le seigneur sentit monter en lui une grosse colère. C’était bien la première fois que quelqu’un ne faisait pas attention à lui. Il se contint cependant car il était intrigué par la chanson. Au bout de quelques minutes, le seigneur qui n’était pas patient, se mit à toussoter et le petit garçon le regarda un sourire sur les lèvres. Ses grands yeux croisèrent ceux du seigneur qui sous le poids du regard de l’enfant sentit fondre sa colère comme par enchantement. Le petit garçon s’inclina respectueusement et tendit au seigneur son petit sac de jute contenant les graines. Il s’en empara et sans même le remercier cravacha son cheval et s’en retourna vers son palais.

    Quand le soir arriva, il posa le sachet de graines à côté de son oreiller et s’endormit. Au matin, il s’éveilla plein de force et d’énergie comme les matins où il décide de partir à la guerre. Mais aujourd’hui, pas de guerre ! Il avait une bien meilleure idée. Il descendit dans son jardin et se mit à labourer la terre.

    Vous imaginez sans peine la surprise de ses sujets. Le seigneur travaillait dans les jardins du palais en suant sous le soleil. Jour après jour, mois après mois, par tous les temps, la pluie, la neige, le gel, il laboura, sema, nettoya les jardins en ne ménageant pas ses efforts.

    Un matin, le printemps apparu. L’air embaumait d’une senteur nouvelle. Les oiseaux dans le ciel chantaient des mélodies aux accents inconnus. Dans les rues, sous les rayons du soleil, les gens se parlaient en riant. Mais le seigneur ? Où était le seigneur ? Pourquoi ne se réjouissait-il pas avec ses sujets ?

    Il se tenait tout seul, à l’écart de tous. Dans sa main, il tenait un petit bouquet de fleurs et de grosses larmes coulaient le long de ses joues. Il était triste de ne pas savoir pourquoi il était triste. Partout autour de lui, ce n’était que joie et bonheur mais dans son cœur, la peine était encore plus grande qu’à l’habitude. Il avait tant travaillé pour donner un superbe jardin au palais. Il avait cru qu’en se dépensant sans compter, il trouverait enfin la clé qui mène à la joie. Hélas ! Mille fois hélas !

    Il se désespérait lorsqu’il vit arriver à ses côtés le petit garçon. Il avait bien un peu grandi depuis le jour où il l’avait rencontré dans la campagne mais il le reconnut sans peine à ses grands yeux et ses cheveux foncés.

    - "Bonjour, dit l’enfant. Je m’appelle Jeremy. Regarde autour de toi, Seigneur. Regarde avec ton cœur : l’herbe, les fleurs, les oiseaux, les papillons, les gens. Tu sais, c’est là le secret du bonheur".

    Il ouvrit les yeux et pour la première fois de sa vie, le seigneur vit les choses et les êtres comme jamais il ne les avait vus auparavant. Il remarqua les couleurs, entendit les chants, sentit les odeurs et la joie emplit son cœur. Il éprouva à cet instant un amour sincère pour son peuple et il se dit qu’il était grand temps de songer à se marier et à fonder une famille. En regardant Jeremy, il pensa que ce serait merveilleux d’avoir un petit garçon comme lui. Il lui prit la main et l’emmena dans son palais.

    Quelques temps plus tard, le seigneur se maria et on raconte qu’il a eu de nombreux enfants et a vécut très heureux car il avait compris que le bonheur vivait dans les choses les plus simples qu’on a bien souvent à portée de la main.


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  • C'était il y a très longtemps, au début de l'apparition des hommes dans le Grand Nord.
    A cette époque, les Esquimaux étaient le peuple le plus heureux de la planète bleue. Ils disposaient d'une nourriture abondante, avaient de l’eau en suffisance et surtout ne se disputaient jamais. Le jour, ils jouissaient de la lumière du soleil et durant la nuit, ils profitaient de la clarté de la lune. Pour la tribu, tout était source de joie et prétexte à fêter.

     

    Mais il arriva que trois d'entre eux, Itouk, Kakouk et Marouk, devinrent jaloux du bonheur des autres. Ils essayaient par tous les moyens de se quereller avec les membres de la tribu... mais sans succès. Ils décidèrent donc de s'attaquer à l'astre du jour, père de toute chose afin de le tuer. Ils souhaitaient ainsi que leurs compagnons soient privés de chaleur et de lumière, que la vie devienne difficile et que tous soient malheureux.

    Ils préparèrent leur attaque avec le plus grand soin : des flèches et harpons qu'ils projetteraient dans le ciel en plein midi.
    Au jour dit, ils lancèrent leurs armes vers le soleil mais en vain. Tout ce qui était envoyé vers le ciel retombait sur la terre, brûlé par les rayons du soleil.
    Nullement découragés, ils entreprirent de refroidir le soleil en lui envoyant d'énormes blocs de glace. Mais leurs résultats ne furent pas plus brillants. La glace fondait et retombait sur les attaquants.

    Ils se réunirent alors dans l'igloo de Kakouk pour mettre au point une tactique qui leur permettrait de faire disparaître l'astre de la nuit. Ils y consacrèrent de nombreuses semaines sans trouver de solution.
    Un soir qu'ils avaient beaucoup bu, ils regardèrent la lune et commencèrent à se moquer d'elle en l'injuriant.
    Fort peinée, la gentille lune pleura longtemps de leurs méchancetés. Voyant que leurs insultes portaient, Itouk, Marouk et Kakouk redoublèrent leurs attaques pendant des jours et des jours.

    La lune en eut assez. Elle confia son malheur au soleil qui décida d'intervenir. Ce que les trois esquimaux ignoraient, c'est que la lune était la soeur du soleil et qu'ils se voyaient deux fois par jour.

    Il s'adressa tout d’abord à eux pour leur demander de cesser leurs attaques. Malheureusement pour la tribu, seuls étaient restés au village les trois vauriens, bien trop paresseux pour aller chasser. Ils n'écoutèrent pas l'appel du soleil et ils lui rirent même au nez.

    Alors il se fâcha et décida de leur donner une bonne leçon dont tous se souviendraient : il disparaîtrait du ciel des Esquimaux six mois par an pour ne revenir que six mois plus tard.

    Et c'est ainsi qu'apparut la nuit polaire.


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  • As-tu jamais vu une très vieille armoire de bois noircie par le temps et sculptée de fioritures et de feuillages? Dans un salon, il y en avait une de cette espèce, héritée d'une aïeule, ornée de haut en bas de roses, de tulipes et des plus étranges volutes entremêlées de têtes de cerfs aux grands bois. Au beau milieu de l'armoire se découpait un homme entier, tout à fait grotesque ; on ne pouvait vraiment pas dire qu'il riait, il grimaçait; il avait des pattes de bouc, des cornes sur le front et une longue barbe. Les enfants de la maison l'appelaient le «sergentmajorgénéralcommandantenchefauxpiedsdebouc » .
    Evidemment, peu de gens portent un tel titre et il est assez long à prononcer, mais il est rare aussi d'être sculpté sur une armoire.
    Quoi qu'il en soit, il était là! Il regardait constamment la table placée sous la glace car sur cette table se tenait une ravissante petite bergère en porcelaine, portant des souliers d'or, une robe coquettement retroussée par une rose rouge, un chapeau doré et sa houlette de bergère. Elle était délicieuse! Tout près d'elle, se tenait un petit ramoneur, noir comme du charbon, lui aussi en porcelaine. Il était aussi propre et soigné que quiconque ; il représentait un ramoneur, voilà tout, mais le fabricant de porcelaine aurait aussi bien pu faire de lui un prince, c'était tout comme.
    Il portait tout gentiment son échelle, son visage était rose et blanc comme celui d'une petite fille, ce qui était une erreur, car pour la vraisemblance il aurait pu être un peu noir aussi de visage. On l'avait posé à côté de la bergère, et puisqu'il en était ainsi, ils s'étaient fiancés, ils se convenaient, jeunes tous les deux, de même porcelaine et également fragiles.
    Tout près d'eux et bien plus grand, était assis un vieux Chinois en porcelaine qui pouvait hocher de la tête. Il disait qu'il était le grand-père de la petite bergère ; il prétendait même avoir autorité sur elle, c'est pourquoi il inclinait la tête vers le
    « sergentmajorgénéralcommandantenchefauxpiedsdebouc» qui avait demandé la main de la bergère.
    - Tu auras là, dit le vieux Chinois, un mari qu'on croirait presque fait de bois d'acajou, qui peut te donner un titre ronflant, qui possède toute l'argenterie de l'armoire, sans compter ce qu'il garde dans des cachettes mystérieuses.
    - Je ne veux pas du tout aller dans la sombre armoire, protesta la petite bergère, je me suis laissé dire qu'il y avait là-dedans onze femmes en porcelaine!
    - Eh bien! tu seras la douzième. Cette nuit, quand la vieille armoire se mettra à craquer, vous vous marierez, aussi vrai que je suis Chinois. Et il s'endormit.
    La petite bergère pleurait, elle regardait le ramoneur de porcelaine, le chéri de son cœur.
    - Je crois, dit-elle, que je vais te demander de partir avec moi dans le vaste monde. Nous ne pouvons plus rester ici.
    - Je veux tout ce que tu veux, répondit-il; partons immédiatement, je pense que mon métier me permettra de te nourrir.
    - Je voudrais déjà que nous soyons sains et saufs au bas de la table, dit-elle, je ne serai heureuse que quand nous serons partis.
    Il la consola de son mieux et lui montra où elle devait poser son petit pied sur les feuillages sculptés longeant les pieds de la table; son échelle les aida du reste beaucoup.
    Mais quand ils furent sur le parquet et qu'ils levèrent les yeux vers l'armoire, ils y virent une terrible agitation. Les cerfs avançaient la tête, dressaient leurs bois et tournaient le cou, le «sergentmajorgénéralcommandantenchefauxpiedsdebouc» bondit et cria :
    - Ils se sauvent ! Ils se sauvent !
    Effrayés, les jeunes gens sautèrent rapidement dans le tiroir du bas de l'armoire. Il y avait là quatre jeux de cartes incomplets et un petit théâtre de poupées, monté tant bien que mal. On y jouait la comédie, les dames de carreau et de cœur, de trèfle et de pique, assises au premier rang, s'éventaient avec leurs tulipes, les valets se tenaient debout derrière elles et montraient qu'ils avaient une tête en haut et une en bas, comme il sied quand on est une carte à jouer. La comédie racontait l'histoire de deux amoureux qui ne pouvaient pas être l'un à l'autre. La bergère en pleurait, c'était un peu sa propre histoire.
    - Je ne peux pas le supporter, dit-elle, sortons de ce tiroir.
    Mais dès qu'ils furent à nouveau sur le parquet, levant les yeux vers la table, ils aperçurent le vieux Chinois réveillé qui vacillait de tout son corps. Il s'effondra comme une masse sur le parquet.
    - Voilà le vieux Chinois qui arrive, cria la petite bergère, et elle était si contrariée qu'elle tomba sur ses jolis genoux de porcelaine.
    - Une idée me vient, dit le ramoneur. Si nous grimpions dans cette grande potiche qui est là dans le coin nous serions couchés sur les roses et la lavande y et pourrions lui jeter du sel dans les yeux quand il approcherait.
    - Cela ne va pas, dit la petite. Je sais que le vieux Chinois et la potiche ont été fiancés, il en reste toujours un peu de sympathie. Non, il n'y a rien d'autre à faire pour nous que de nous sauver dans le vaste monde.
    - As-tu vraiment le courage de partir avec moi, as-tu réfléchi combien le monde est grand, et que nous ne pourrons jamais revenir ?
    - J'y ai pensé, répondit-elle.
    Alors, le ramoneur la regarda droit dans les yeux et dit :
    - Mon chemin passe par la cheminée, as-tu le courage de grimper avec moi à travers le poêle, d'abord, le foyer, puis le tuyau où il fait nuit noire ? Après le poële, nous devons passer dans la cheminée elle-même ; à partir de là, je m'y entends, nous monterons si haut qu'ils ne pourront pas nous atteindre, et tout en haut, il y a un trou qui ouvre sur le monde.
    Il la conduisit à la porte du poêle.
    - Oh ! que c'est noir, dit-elle.
    Mais elle le suivit à travers le foyer et le tuyau noirs comme la nuit.
    - Nous voici dans la cheminée, cria le garçon. Vois, vois, là-haut brille la plus belle étoile.
    Et c'était vrai, cette étoile semblait leur indiquer le chemin. Ils grimpaient et rampaient. Quelle affreuse route ! Mais il la soutenait et l'aidait, il lui montrait les bons endroits où appuyer ses fins petits pieds, et ils arrivèrent tout en haut de la cheminée, où ils s'assirent épuisés. Il y avait de quoi.
    Au-dessus d'eux, le ciel et toutes ses étoiles, en dessous, les toits de la ville ; ils regardaient au loin, apercevant le monde. Jamais la bergère ne l'aurait imaginé ainsi. Elle appuya sa petite tête sur la poitrine du ramoneur et se mit à sangloter si fort que l'or qui garnissait sa ceinture craquait et tombait en morceaux.
    - C'est trop, gémit-elle, je ne peux pas le supporter. Le monde est trop grand. Que ne suis-je encore sur la petite table devant la glace, je ne serai heureuse que lorsque j'y serai retournée. Tu peux bien me ramener à la maison, si tu m'aimes un peu.
    Le ramoneur lui parla raison, lui fit souvenir du vieux Chinois, du « sergentmajor- généralcommandantenchefauxpiedsdebouc», mais elle pleurait de plus en plus fort, elle embrassait son petit ramoneur chéri, de sorte qu'il n'y avait rien d'autre à faire que de lui obéir, bien qu'elle eût grand tort.
    Alors ils rampèrent de nouveau avec beaucoup de peine pour descendre à travers la cheminée, le tuyau et le foyer ; ce n'était pas du tout agréable. Arrivés dans le poêle sombre, ils prêtèrent l'oreille à ce qui se passait dans le salon. Tout y était silencieux ; alors ils passèrent la tête et... horreur ! Au milieu du parquet gisait le vieux Chinois, tombé en voulant les poursuivre et cassé en trois morceaux ; il n'avait plus de dos et sa tête avait roulé dans un coin. Le sergent-major général se tenait là où il avait toujours été, méditatif.
    - C'est affreux, murmura la petite bergère, le vieux grand-père est cassé et c'est de notre faute ; je n'y survivrai pas. Et, de désespoir, elle tordait ses jolies petites mains.
    - On peut très bien le requinquer, affirma le ramoneur. Il n'y a qu'à le recoller, ne sois pas si désolée. Si on lui colle le dos et si on lui met une patte de soutien dans la nuque, il sera comme neuf et tout prêt à nous dire de nouveau des choses désagréables.
    - Tu crois vraiment ?
    Ils regrimpèrent sur la table où ils étaient primitivement.
    - Nous voilà bien avancés, dit le ramoneur, nous aurions pu nous éviter le dérangement.
    - Pourvu qu'on puisse recoller le grand-père. Crois-tu que cela coûterait très cher ? dit-elle.
    La famille fit mettre de la colle sur le dos du Chinois et un lien à son cou, et il fut comme neuf, mais il ne pouvait plus hocher la tête.
    - Que vous êtes devenu hautain depuis que vous avez été cassé, dit le «sergent- majorgénéralcommandantenchefauxpiedsdebouc ». Il n'y a pas là de quoi être fier. Aurai-je ou n'aurai-pas ma bergère ?
    Le ramoneur et la petite bergère jetaient un regard si émouvant vers le vieux Chinois, ils avaient si peur qu'il dise oui de la tête ; mais il ne pouvait plus la remuer. Et comme il lui était très désagréable de raconter à un étranger qu'il était obligé de porter un lien à son cou, les amoureux de porcelaine restèrent l'un près de l'autre, bénissant le pansement du grand-père et cela jusqu'au jour où eux-mêmes furent cassés.


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  • Le jour de Noël se passait très bien jusqu'à ce que le père noël découvre qu'il n'avait plus sa hotte. 

    Le père Noël était déboussolé, il ne savait quoi faire jusqu'à ce que son lutin Rudolf lui dise quoi faire. Le père fit ce que Rudolf lui avait dit. Il alla donc voir si elle était rangée dans sa chambre, mais elle n'y était pas. 

    Il regarda partout sauf dans son atelier. Il fit une petite pause le temps de réfléchir. Il prépara ses rennes pour les livraisons des cadeaux. Son renne au nez rouge  demanda au père noël ce qu'il avait. 

    Le père noël répondit :
    - Je ne trouve plus ma hotte. Que dois-je faire ?
    - As-tu regardé dans ton atelier ?
    - Non, dit le père Noël.
    - Attends je vais t'aider, dit le renne.
    - Merci, dit le père Noël.

    Tous les deux sont alors allés voir où était la hotte du père Noël mais ils n'avaient rien trouvé jusqu'à ce que le père Noël se rappelle où il l'avait mise.

    - Mais, que je suis bête ! Je l'ai mise dans l'armoire qui est dans mon atelier ! Je possède une clef pour cette armoire.

    Le renne était très fier d'avoir retrouvé la hotte du père Noël et l'histoire se finit avec la livraison des cadeaux.


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  • Il était une foi une Moitié de Poulet qui, à force de travailler et d’économiser, avait amassé cent écus.

    Le roi, qui avait toujours besoin d’argent, ne l’eut pas plus tôt appris, qu’il vint les lui emprunter, et la Moitié de Poulet était bien fière, dans les commencements, d’avoir prêté de l’argent au roi. Mais il vint une mauvaise année, et la Moitié de Poulet aurait bien voulu ravoir son argent. Elle avait beau écrire lettre sur lettre tant au roi qu’à ses ministres, personne ne lui répondait. A la fin, elle prit la résolution d’aller chercher elle-même ses cent écus, et se mit en route pour le palais du roi.

    Chemin faisant, elle rencontra un renard :

    —    Où vas-tu, Moitié de Poulet ?

    —    Je vais chez le roi. Cent écus, me doit !

    —    Prends-moi avec toi.

    —    Point de façon, ne ferai. Entre dans mon cou, je t’y porterai.

    Le renard entra dans son cou, et la voilà partie, toute joyeuse d’avoir fait plaisir au renard.

    Un peu plus loin elle rencontra un loup :

    —    Où vas-tu, Moitié de Poulet ?

    —    Je vais chez le roi. Cent écus, me doit !

    —    Prends-moi avec toi.

    —    Du plaisir, en aurai. Entre dans mon cou, je t’y porterai.

    Le loup entra dans son cou, et la voilà partie encore une fois. C’était un peu lourd; mais la pensée que le loup était content de voyager lui donnait du courage.

    Comme elle approchait du palais, elle trouva sur sa route une rivière :

    —    Où vas-tu, Moitié de Poulet ?

    —    Je vais chez le roi. Cent écus, me doit !

    —    Prends-moi avec toi.

    —    Bien des charges, j’ai. Si tu peux tenir dans mon cou, je t’y porterai.

    La rivière se fit toute petite et se glissa dans son cou.

    La pauvre petite bête avait bien de la peine à marcher; mais elle arriva pourtant à la porte du palais.

    Toc ! toc ! toc !

    Le portier passa la tête par son carreau :

    —    Où vas-tu, Moitié de Poulet ?

    —    Je vais chez le roi. Cent écus, me doit !

    Le portier eut pitié de la petite bête, qui avait un air tout innocent.

    —    Va-t’en, ma belotte. Le roi n’aime pas qu’on le dérange. Mal en prend à qui s’y frotte.

    —    Ouvrez toujours; je lui parlerai. Il a mon bien; il me connaît bien.

    Quand on vint dire au roi que la Moitié de Poulet demandait à lui parler, il était à table, et faisait bombance avec ses courtisans. Il se prit à rire car il se doutait bien de quoi il s’agissait.

    —    Ouvrez à ma chère amie, répondit-il, et qu’on la mette dans le poulailler.

    La porte s’ouvrit, et la chère amie du roi entra tout tranquillement, persuadée qu’on allait lui rendre son argent. Mais au lieu de lui faire monter le grand escalier, voilà qu’on la mène vers une petite cour de côté; on lève un loquet; on la pousse, et crac ! Ma Moitié de Poulet se trouve enfermée dans le poulailler.

    Le coq, qui piquait dans une épluchure de salade, la regarda d’en haut sans rien dire. Mais les poules commencèrent à la poursuivre et à lui donner des coups de bec. Il n’y a pas de bête plus cruelle que les poules quand il leur vient des étrangers sans défense.

    La Moitié de Poulet, qui était une petite personne paisible et rangée, habituée chez elle à n’avoir jamais de querelles, se trouva bien effrayée au milieu de tant d’ennemies. Elle courut se blottir dans un coin, et ria de toutes ses forces :

    —    Renard ! Renard ! sors de mon cou, ou je suis un petit poulet perdu !

    Le renard sortit de son cou, et croqua toutes les poules.

    La servante qui portait à manger aux poules ne trouva plus que les plumes en arrivant. Elle courut, pleurant, prévenir le roi, qui se fâcha tout rouge :

    —    Qu’on enferme cette enragée dans la bergerie, dit-il.

    Et pour se consoler, il fit apporter d’autres bouteilles.

    Une fois dans la bergerie, la Moitié de Poulet se vit encore plus en péril que dans le poulailler : les moutons étaient les uns par-dessus les autres, et menaçaient à chaque instant de l’écraser sous leurs pieds. Elle était enfin parvenue à s’abriter derrière un pillier, quand un gros bélier vint se coucher là, et faillit l’étouffer de sa toison.

    —    Loup ! cria-t-elle, Loup ! sors de mon cou, ou je suis un petit poulet perdu !

    Le loup sortit de son cou, et en un clin d’œil étrangla tous les moutons.

    La colère du roi ne connut plus de bornes quand il apprit ce qui venait de se passer : il renversa verres et bouteilles, fit allumer un grand feu, et envoya chercher une broche à la cuisine.

    —    Ah ! la scélérate ! s’écria-t-il, je vais la faire rôtir pour lui apprendre à tout massacrer chez moi !

    On amena devant le feu la Moitié de Poulet, qui tremblait de tous ses membres; et déjà le roi la tenait d’une main, et la broche de l’autre, quand elle se dépêcha de murmurer :

    —    Rivière ! Rivière ! sors de mon cou, ou je suis un petit poulet perdu !

    La rivière sortit de son cou, éteignit le feu, et noya le roi avec tous ses courtissans.

    La Moitié de Poulet, restée maîtresse du palais, chercha en vain ses cent écus : Ils avaient été dépensés, il n’en restait trace… Mais, comme il n’y avait plus personne sur le trône, elle monta dessus à la place du roi, et le peuple salua son avènement, à grands cris de joie. Il était tout enchanté d’avoir une reine qui savait si bien économiser.


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