•  

    Florence dormait tranquillement dans son petit lit, quand, tout à coup, un bruit bizarre la réveille. Ca vient du salon. Qu' est -ce que c'est ? Quelqu'un éternue...
    Florence a un peu peur, et puis elle se rappelle : avant de se coucher, elle a mis ses petits souliers au pied du sapin. Alors, c'est peut-être lui, le Père Noël ? A travers les volets, les lumières de la rue éclairent l'appartement . Florence se lève, marche tout doucement dans le couloir et glisse un oeil, dans le salon : il y a quelqu'un, habillé d'un grand manteau ! Florence allume la lampe, toute contente de rencontrer le Père Noël. Mais qu'est-ce qu'il a ? Il n'arrête pas d'éternuer et de se moucher.

     

    Oh ! une petite fille ! dit le Père Noël.
    En byjama et bieds nus ! aha..aha...Atchoum !
    Attention, tu vas avoir froid.
    Veux-tu vite...ah ! ah !...atchoum ! aller te recoucher !


    Oh non ! dit Florence, je ne veux pas me recoucher ! Mais attends, je vais mettre ma robe de chambre et mes chaussons.
    Quand Florence revient, le Père Noël est assis dans un fauteuil les yeux fermés.
    tu es fatigué ? demande Florence.
    Très fatigué, dit le Père Noël. J'ai pris froid. C'est une cat...cata...atchoum ! strophe, une catastrophe ! Je me demande comment je vais pouvoir continuer ma tournée.

    Florence regarde vers le sapin et voit tous les cadeaux que le Père Noël a posés par terre. Elle est contente mais, tout à coup, elle pense aux autres enfants !
    Oh ! là ! là ! si le Père Noël est malade, ils n'auront pas leurs cadeaux !

    Alors, elle demande :
    Tu as pris des médicaments ?
    Non, dit le Père Noël, je n'en ai pas.
    Tu sais, dit Florence, mon papa aussi, il a le rhume,et il prend un médicament.
    Viens, je vais te montrer où il est.
    Dans la cuisine, Florence montre une petite bouteille tout en haut du placard. Le Père Noël attrape la bouteille et lit soigneusement les explications.
    Oui, dit-il, c'est une potion pour le rhume. Il faut en mettre deux cuillerées dans un verre d'eau.
    Florence lui donne la cuillère et un verre. Le Père Noël prépare la potion, la goûte et fait une horrible grimace .

    Bouh ! que c'est mauvais, gémit-il. Je ne peux pas le boire.

    Mais, si tu ne le bois pas, tu ne vas pas guérir ! dit Florence.
    Le Père Noël regarde le médicament d'un air malheureux et ne bouge pas. Alors, Florence a une idée. Elle attrape la bouteille de grenadine. Hop ! un peu de sirop dans la potion... Elle remue bien et donne le verre au Père Noël en disant, d'un air encourageant :

    Maintenant, c'est bon, allez, bois !

    Le Père Noël goûte la potion et la boit toute !

    Merci, petite fille, dit-il. Tu es un bon docteur. Maintenant que je suis reposé et réchauffé, je vais pouvoir continuer ma tournée. Et toi, tu vas vite te recoucher. Allez, je ne te fais pas la bise, je ne voudrais pas que tu at...at...attrapes le rhume.

    Eh non ! cette fois le Père Noël n'a pas éternué ! Il est presque guéri, et pendant que Florence se rendort dans son petit lit, il va distribuer ses jouets.

    Vite ! demain, c'est Noël...

     

     

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  • (publié pour la première fois dans le journal Sentinel, de New York, le 23 décembre 1823.)


     

    C'était la nuit avant Noël, dans la maison tout était calme. Pas un bruit, pas un cri, pas même une souris!

    Les chaussettes bien sages pendues à la cheminée attendaient le Père Noël. Allait-il arriver?

    Les enfants blottis dans leur lit bien au chaud rêvaient de friandises, de bonbons, de gâteaux.

    Maman sous son fichu, et moi sous mon bonnet et vous prêts à dormir toute une longue nuit d'hiver.

    Dehors, tout à coup, il se fit un grand bruit!

    Je sautais de mon lit, courais à la fenêtre, j'écartais les volets, j'ouvrais grand la croisée.

    La lune sous la neige brillait comme en plein jour.

    Alors, parut à mon regard émerveillé, un minuscule traîneau et huit tout petits rennes conduits par un bonhomme si vif et si léger qu'en un instant je sus que c'était le Père Noël!

    Plus rapides que des aigles, ses coursiers galopaient, lui il les appelait, il sifflait, il criait:

    "Allez Fougueux, allez Danseur, Fringant et puis Renarde, En avant Comète! Cupidon en avant, Tonnerre, Éclair, allons, allons Au-dessus des porches, par delà les murs! Allez! Allez plus vite encore!"

    Comme des feuilles mortes poussées par le vent, passant les obstacles, traversant le ciel, les coursiers volaient au-dessus des toits, tirant le traîneau rempli de jouets

    Et, en un clin d'oeil, j'entendis sur le toit le bruit de leurs sabots qui caracolaient. L'instant qui suivit le Père Noël d'un bond descendait par la cheminée.

    Il portait une fourrure de la tête aux pieds, couverte de cendres et de suie, et, sur son dos, il avait une hotte pleine de jouets comme un colporteur avec ses paquets.

    Ses yeux scintillaient de bonheur, ses joues étaient roses, son nez rouge cerise, on voyait son petit sourire à travers sa barbe blanche comme neige.

    Un tuyau de pipe entre les dents, un voile de fumée autour de la tête, un large visage, un petit ventre tout rond qui remuait quand il riait; il était joufflu et rebondi comme un vieux lutin. Je n'ai pu m'empêcher de rire en le voyant et d'un simple clin d'oeil, d'un signe de la tête il me fit savoir que je ne rêvais pas: c'était lui!

    Puis, sans dire un mot, il se mit à l'ouvrage et remplit les chaussettes. Il se retourna, se frotta le nez et d'un petit geste repartit par la cheminée.

    Une fois les cadeaux déposés, il siffla son attelage, puis reprit son traîneau et les voilà tous repartis plus légers encore que des plumes

    Et dans l'air j'entendis avant qu'ils disparaissent:


    "Joyeux Noël à tous et à tous une bonne nuit"

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  • Voici la deuxième histoire culte de ma jeunesse.

     

    Raboutity grimpa qur un arbre, mais la branche était pourrie. Il tomba et se cassa la jambe, et il dit :

    - L'arbre a cassé la jambe de Raboutity ; il n'y a rien de plus fort que l'arbre !

    - Je suis fort, dit l'arbre, mais le vent me plie et me casse.

    Le vent plie l'arbre ; l'arbre casse la jambe de Raboutity, il n'y a rien de plus fort que le vent !

    - Je suis fort dit le vent ; mais le mur se dresse et je ne peux plus passer.

    Le mur arrête le vent ; le vent plie l'arbre ; l'arbre casse la jambe de Raboutity ; il n'y a rien de plus fort que le mur !

    - Je suis fort, dit le mur ; mais le rat ronge le ronge le mortier et fait un trou.

    Le rat troue le mur ; le mur arrête le vent ; le vent plie l'arbre ; l'arbre casse la ajmabe de Raboutity ; il n'y a rien de plus fort que le rat !

    - Je suis fort, dit le rat ; mais le chat me mange.

    Le chat mange le rat ; le rat troue le mur ; le mur arrête le vent ; le vent plie l'arbre ; l'arbre casse la jambe de Raboutity ; il n'y a rien de plus fort que le chat !

    - Je suis fort, dit le chat ; mais la corde m'étrangle.

    La corde étrangle le chat ; le chat mange le rat ; le rat troue le mur ; le mur arrête le vent ; le vent plie l'arbre ; l'arbre casse la jambe de Raboutity ; il n'y a rien de plus fort que la corde !

    - Je suis forte, dit la corde ; mais le couteau me coupe.

    Le couteau coupe la corde ; la corde étrangle le chat ; le chat mange le rat ; le rat troue le mur ; le mur arrête le vent ; le vent plie l'arbre ; l'arbre casse la jambe de Raboutity ; il n'y a rien de plus fort que le couteau !

    - Je suis fort, dit le couteau ; mais le feu me brûle.

    Le feu brûle le couteau ; le couteau coupe la corde ; la corde étrangle le chat ; le chat mange le rat ; le rat troue le mur ; le mur arrête le vent ; le vent plie l'arbre ; l'arbre casse la jambe de Raboutity ; il n'y a rien de plus fort que le feu !

    - Je suis fort, dit le feu ; mais l'eau m'éteint.

    L'eau éteint le feu ; le feu brûle le couteau ; le couteau coupe la corde ; la corde étrangle le chat ; le chat mange le rat ; le rat troue le mur ; le mur arrête le vent ; le vent plie l'arbre, l'arbre casse la jambe de Raboutity ; il n'y a rien de plus fort que l'eau !

    - Je suis forte, dit l'eau ; mais le bateau flotte sur moi.

    Le bateau flotte sur l'eau ; l'eau éteint le feu ; le feu brûle le couteau ; le couteau coupe la corde ; la corde étrangle le chat ; le chat mange le rat ; le rat troue le mur ; le mur arrête le vent ; le vent plie l'arbre ; l'arbre casse la jambe de Raboutity ; il n'y a rien de plus fort que le bateau !

    Je suis fort, dit le bateau ; mais si je donne sur le rocher, il me brise.

    Le rocher brise le bateau ; le bateau flotte sur l'eau ; l'eau éteint le feu ; le feu brûle le couteau, le couteau coupe la corde ; la corde étrangle le chat ; le chat mange le rat ; le rat troue le mur ; la mur arrête le vent ; le vent plie l'arbre ; l'arbre casse la jambe de Raboutity ; il n'y a rien de plus fort que le rocher !

    Je suis frot, dit le rocher ; mais le crabe me perce.

    Le crabe perce le rocher ; le rocher brise le bateau ; le bateau flotte sur l'eau ; l'eau éteint le feu ; le feu brule le couteau ; le couteau coupe la corde ; la corde étrangle le chat ; le chat mange le rat ; le rat troue le mur ; le mur arrête le vent ; le vent plie l'arbre ; l'arbre casse la jambe de Raboutity ; il n'y a rien de plus fort que le crabe !

    Je suis fort, dit le crabe ; mais l'homme m'attrappe et m'arrache les pattes.

    L'homme attrappe le crabe ; le crabe perce le rocher ; le rocher brise le bateau ; le bateau flotte sur l'eau ; l'eau éteint le feu ; le feu brule le couteau ; la couteau coupe la corde ; la corde étrangle le chat ; le chat mange le rat ; le rat troue le mur ; le mur arrête le vent ; le vent plie l'arbre ; l'arbre casse la jambe de Raboutity; il n'y a rien de plus fort que l'homme !

    Je suis fort, dit l'homme ;mais Zanahary (le Dieu malgache) me fait mourir.

    Zanahary fait mourir l'homme ; l'homme attrappe le crabe ; le crabe perce le rocher ; le rocher brise le bateau ; le bateau flotte sur l'eau ; l'eau éteint le feu ; le feu brule le couteau ; la couteau coupe la corde ; la corde étrangle le chat ; le chat mange le rat ; le rat troue le mur ; le mur arrête le vent ; le vent plie l'arbre ; l'arbre casse la jambe de Raboutity; il n'y a rien de plus fort que Zanahary.

     


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  • Voici une des 2 histoires cultes de la famille, extraite de "Comment raconter des histoires à nos enfants".

    Il y avait dans la Louisiane, en Amérique, une brave négresse qui n'avais qu'un fils. Comme elle n'avait pas grand'chose a lui laisser, elle voullu lui donner un beau grand nom, et elle l'appela Epaminondas, ce qui est le nom d'un général grac de l'andien temps, qui gagné deux célèbres batailles.

    Epaminondas avait donc un nom glorieux, et il n'en était pas plus fier pour ça.

    Il avait l'habitude d'aller très souvent voir sa marraine, qui lui donnait toujours quelque chose.

    Un jour, elle lui donna un beau morceaux de gateau de Savoie.

    - Ne le perds pas, Epaminondas, dit-elle, tiens-le bien serré.

    - Sois tranquille ! marraine, dit Epaminondas, et il ferma le poing, et serra si bien le gateau, que, quand il arriva chez sa maman, il n'en restait plus qu'une poignée de miettes.

    - Qu'est ce que tu apportes là, Epaminondas ? dit sa maman.

    - Du gateau, maman, dit Epaminondas.

    - Du gateau ! De ma vie !... Qu'est ce que tu as fait du bon sens que je t'ai donné a ta naissance ? Quelle manière de porter un gateau ! La manière de porter un gateau, c'est de l'envelopper proprement dans un papier fin, et de le mettre dans la coiffe de son chapeau; puis on met son chapeau sur sa tête, et on revient tranquillement à la maison. Tu comprends ?

    - Oui, maman dit Epaminondas.

    Quelques jours après, Epaminondas retourna chez sa marraine, et elle lui donna une motte de beurre pour sa mamn, du joli beurre bien frais.

    Epaminondas l'enveloppa soigneusement dans un papier fin, et le mis dans la coiffe de son chapeau. Puis il mit son chapeau sur sa tête, et revint tranquillement à la maison.

    C'était en été, et le soleil était chaud. Voilà le beurre qui commence a fondre, et qui coule de tous côtés ! Quand Epaminondas arriva chez sa maman, le beurre n'était plus dans le chapeau, il était sur Epaminondas. La maman leva les bras au ciel et s'écria :

    - De ma vie !... Epaminondas, qu'est ce que tu apporte là ?

    - Du beurre, maman, dit Epaminondas.

    - Du beurre ?... dit sa maman. Epaminondas, qu'est-ce que tu as fait du bon sens que tu avais a ta naissance ?... Ce n'est pas la manière de porter du beurre ! La manière de porter du beurre, c'est de l'envelopper avec des feuilles fraiches, bien serré et, le long du chemin, de le tremper dans le ruisseau et de le tremper encore, et encore, et puis après, on le prend dans ses mains et on l'apporte a la maison. Tu comprends ?

    - Oui, maman, dit Epaminondas.

    Le fois suivante, quand Epaminondas retourna chez sa marraine, elle lui donna un joli petit chien.

    Epaminondas l'enveloppa dans des feuilles fraiches, bien serré, puis il le trempa dans le ruisseau, et il le trempa encore, et encore : et après il le prit dans ses mains pour l'apporter a la maison, mais quand il arriva le pauvre petit chien était presque mort. Sa maman le regarda et dit :

    - De ma vie !... Epaminondas, qu'est ce que tu apporte là ?

    - Un petit chien, maman, dit Epaminondas.

    - Un petit chien ! Epaminondas, qu'est-ce que tu as fait du bon sens que je t'avais donné a ta naissance ?... Ce n'est pas la manière de porter un petit chien ! La manière de porter un petit chien, c'est de prendre une longue corde, d'en attacher un bout au cou du chien, de mettre le chien par terre, et de prendre l'autre bout de la corde, et on revient à la maison en le tirant après soi, - comme ça. Tu comprends ?

    - Très bien, maman, dit Epaminondas.

    Quand il revint chez sa marraine, elle lui donna un pain tout frais, un joli pain long, a la croute dorée.

    Epaminondas prit une longue corde ; il en attacha un bout autour du pain, puis il mit le pain par terre, prit l'autre bout de la corde, et revint a la maison en tirant le pain derrière soi - comme ça.

    Quand il arriva, sa maman regarda la chose au bout de la corde, et dit :

    - De ma vie !... Epaminondas, qu'est-ce que tu apportes là ?

    - Un pain, maman, dit Epaminondas. C'est marraine qui me l'a donné.

    - Un pain !... dit sa maman. Ô Epaminondas, Epaminondas, tu n'as point de bon sens, tu n'en as jamais eu, et tu n'en auras jamais point !... Tu n'iras plus chez ta marraine. C'est moi qui irai, et je ne t'expliquerai plus jamais rien.

    Le lendemain, sa maman se prépara pour aller chez la marraine, et elle dit :

    - Je vais te dire une chose, Epaminondas. Tu vois bien ces six petits pâtés que j'ai juste fini de faire cuire ? Je les ai mis devant la porte pour les faire refroidir. Tu les protègeras du chien et du chat et, si tu as besoin de sortir, fais attention comment tu passes dessus, n'est-ce pas ?

    - Oui, maman, dit Epaminondas.

    La maman mit son bonnet et son châle et s'en alla chez la marraine. Les six petits pâtés tout en rang refroidissaient sur le seuil de la porte.

    Et comme Epaminondas voulait sortir, il fit bien attention comment il passait sur les pâtés.

    - Un, deux, trois, quatre, cinq, six !... Il mit son pied bien exactement au milieu de chacun d'eux !...

    Et savez vous, enfants, ce qui arriva quand la maman entra ? Personne n'a jamais pu me le dire; mais vous pouvez peut être le deviner... et je suppose qu'Epaminondas ne sût jamais le gout qu'avaient ces petits pâtés-là !

     


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    Conte d'Andersen

    Il faisait effroyablement froid; il neigeait depuis le matin; il faisait déjà sombre; le soir approchait, le soir du dernier jour de l'année. Au milieu des rafales, par ce froid glacial, une pauvre petite fille marchait dans la rue: elle n'avait rien sur la tête, elle était pieds nus. Lorsqu'elle était sortie de chez elle le matin, elle avait eu de vieilles pantoufles beaucoup trop grandes pour elle. Aussi les perdit-elle lorsqu'elle eut à se sauver devant une file de voitures; les voitures passées, elle chercha après ses chaussures; un méchant gamin s'enfuyait emportant en riant l'une des pantoufles; l'autre avait été entièrement écrasée.

    Voilà la malheureuse enfant n'ayant plus rien pour abriter ses pauvres petits petons. Dans son vieux tablier, elle portait des allumettes : elle en tenait à la main un paquet. Mais, ce jour, la veille du nouvel an, tout le monde était affairé ; par cet affreux temps, personne ne s'arrêtait pour considérer l'air suppliant de la petite qui faisait pitié. La journée finissait, et elle n'avait pas encore vendu un seul paquet d'allumettes. Tremblante de froid et de faim, elle se traînait de rue en rue.

    Des flocons de neige couvraient sa longue chevelure blonde. De toutes les fenêtres brillaient des lumières: de presque toutes les maisons sortait une délicieuse odeur, celle de l'oie, qu'on rôtissait pour le festin du soir: c'était la Saint-Sylvestre. Cela, oui, cela lui faisait arrêter ses pas errants.

    Enfin, après avoir une dernière fois offert en vain son paquet d'allumettes, l'enfant aperçoit une encoignure entre deux maisons, dont l'une dépassait un peu l'autre. Harassée, elle s'y assied et s'y blottit, tirant à elle ses petits pieds: mais elle grelotte et frissonne encore plus qu'avant et cependant elle n'ose rentrer chez elle. Elle n'y rapporterait pas la plus petite monnaie, et son père la battrait.
    L'enfant avait ses petites menottes toutes transies. «Si je prenais une allumette, se dit-elle, une seule pour réchauffer mes doigts? » C'est ce qu'elle fit. Quelle flamme merveilleuse c'était! Il sembla tout à coup à la petite fille qu'elle se trouvait devant un grand poêle en fonte, décoré d'ornements en cuivre. La petite allait étendre ses pieds pour les réchauffer, lorsque la petite flamme s'éteignit brusquement: le poêle disparut, et l'enfant restait là, tenant en main un petit morceau de bois à moitié brûlé.

    Elle frotta une seconde allumette: la lueur se projetait sur la muraille qui devint transparente. Derrière, la table était mise: elle était couverte d'une belle nappe blanche, sur laquelle brillait une superbe vaisselle de porcelaine. Au milieu, s'étalait une magnifique oie rôtie, entourée de compote de pommes: et voilà que la bête se met en mouvement et, avec un couteau et une fourchette fixés dans sa poitrine, vient se présenter devant la pauvre petite. Et puis plus rien: la flamme s'éteint.

    L'enfant prend une troisième allumette, et elle se voit transportée près d'un arbre de Noël, splendide. Sur ses branches vertes, brillaient mille bougies de couleurs: de tous côtés, pendait une foule de merveilles. La petite étendit la main pour saisir la moins belle: l'allumette s'éteint. L'arbre semble monter vers le ciel et ses bougies deviennent des étoiles: il y en a une qui se détache et qui redescend vers la terre, laissant une trainée de feu.
    «Voilà quelqu'un qui va mourir » se dit la petite. Sa vieille grand-mère, le seul être qui l'avait aimée et chérie, et qui était morte il n'y avait pas longtemps, lui avait dit que lorsqu'on voit une étoile qui file, d'un autre côté une âme monte vers le paradis. Elle frotta encore une allumette: une grande clarté se répandit et, devant l'enfant, se tenait la vieille grand-mère.

    - Grand-mère, s'écria la petite, grand-mère, emmène-moi. Oh! tu vas me quitter quand l'allumette sera éteinte: tu t'évanouiras comme le poêle si chaud, le superbe rôti d'oie, le splendide arbre de Noël. Reste, je te prie, ou emporte-moi.

    Et l'enfant alluma une nouvelle allumette, et puis une autre, et enfin tout le paquet, pour voir la bonne grand-mère le plus longtemps possible. La grand-mère prit la petite dans ses bras et elle la porta bien haut, en un lieu où il n'y avait plus ni de froid, ni de faim, ni de chagrin: c'était devant le trône de Dieu.
    Le lendemain matin, cependant, les passants trouvèrent dans l'encoignure le corps de la petite ; ses joues étaient rouges, elle semblait sourire ; elle était morte de froid, pendant la nuit qui avait apporté à tant d'autres des joies et des plaisirs. Elle tenait dans sa petite main, toute raidie, les restes brûlés d'un paquet d'allumettes.

    - Quelle sottise ! dit un sans-coeur. Comment a-t-elle pu croire que cela la réchaufferait ? D'autres versèrent des larmes sur l'enfant; c'est qu'ils ne savaient pas toutes les belles choses qu'elle avait vues pendant la nuit du nouvel an, c'est qu'ils ignoraient que, si elle avait bien souffert, elle goûtait maintenant dans les bras de sa grand-mère la plus douce félicité.


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